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Bienvenue sur mon blog Us et coutumes dans la construction de l’unité nationale 20 décembre 2012 Le discours du chef de l’Etat devant les deux chambres réunies en congrès le 12 septembre 2012 a interpellé les populations de l’arrière-pays. Ce discours a été écouté au corps de garde sous la lumière tamisée d’un feu de bois. Le « public » était concentré, même si plusieurs termes usités par le chef de l’Etat leur étaient inconnus. Mais l’essentiel était compris. Dans ce village pluriethnique et pluriclanique, les populations ont toujours vécu en bonne intelligence. Elles ont « fabriqué » des mécanismes qui leur permettent au quotidien de surmonter leurs différends et leurs différences à travers notamment les proverbes, les dictons, les correspondances interlignagères, les mariages, etc. Tout est « convoqué » pour cimenter davantage la cohésion « nationale ». En réalité, elles s’interrogent sur les maux qui viennent de la ville et qui leur « pourrissent » la vie, surtout en périodes électorales. Les proverbes et les dictons Dans ce village, la parole « dépensée » au cours de la palabre n’est pas ordinaire; elle est riche et puissante, fondée sur la somme d’expériences vécues et « conceptualisées » par les sages et la société : proverbes, paraboles, contes, généalogies, mythes. D’où se dégagent des leçons, de mise en garde et des recommandations prônant la pondération, le compromis et la concorde. La palabre est une affaire de longue durée et le circuit toujours compliqué des débats invite à la patience. Outre la parole, il y a toute une symbolique de gestes ritualisés, des silences lourds de signification. Tout cela étant l’expression d’une éducation et d’une culture fort élaborées. La palabre n’a pas pour finalité d’établir les torts respectifs des parties en conflit et de prononcer des sentences qui conduisent à l’exclusion et au rejet. La palabre apparaît plutôt comme une logothérapie qui a pour but de briser le cercle infernal de la violence et de la contre-violence afin de rétablir l’harmonie et la paix. Ainsi, chez tous les peuples du Gabon, il est établi que l’intérêt commun exige la paix, et que les nuages porteurs de pluies fuient les lieux où règne le désordre. Aussi, leur sagesse veut qu’en cas de conflit, les deux parties partagent les responsabilités, la considération suprême étant le maintien de la tranquillité interne, au terme d’un pardon mutuel. Ainsi l’unité villageoise est conservée puisqu’ils partagent en commun ces valeurs qui fondent la pondération en toute circonstance. Cette unité construite et héritée de la tradition devrait être le partage de tous les hommes politiques. C’est dire que l’unité véritable passe aussi par des liens tels que les mariages et les correspondances lignagères qui structurent la société traditionnelle, et qui d’une certaine manière devrait fonder le vivre ensemble dans la société gabonaise moderne. Chaque fois qu’un conflit opposant des personnes de « langues » différentes, celles-ci trouvent des ressources dans les codes de règlement de conflits qui permettent d’apaiser les différends. Ce qui a l’avantage de préserver la stabilité du village. Il y a donc, pour nous citoyens gabonais, de revenir aux fondamentaux qui ont toujours caractérisé nos sociétés anciennes. Correspondances interlignagères Les « choses » du village permettent de construire chaque jour des liens qui permettent de renforcer les relations. En effet, chaque événement important est l’occasion de montrer que l’ « unité nationale » est déjà fondée. Quand nous passons d’une ethnie à une autre, d’un village à un autre, une série de questions nous sont souvent posées : tu es l’enfant de qui ? quelle est ta « tribu » ? Ces questions obligent l’individu à décliner son identité. A partir de ses réponses, il est inséré dans un réseau de relations qui dépassent son ethnie. Qui peut imaginer qu’un Punu soit apparenté à un Fang ? Qui peut imaginer des liens entre un Pygmée de Minvoul (Bakoya) et un Pové de Koula-Moutou ? Et pourtant, s’il y a contact, pour une quelconque raison entre ces ethnocultures, le tableau de la parenté est dessiné. Ainsi, le bandjégui punu est le parent yemandzime fang. Mikoso pové est le parent zèmbè des Bakoya de Minvoul. Ces populations, à travers ces structures, vont obéir aux mêmes interdits, aux mêmes règles d’hygiène, etc. Les premiers bâtisseurs de ce pays avaient compris l’intérêt de s’investir pleinement dans ces « choses » du passé. En effet, s’y investir ne fait nullement reculer le pays dans un passé de plus en plus révolu, mais permet d’interroger le présent et mieux scruter l’avenir avec sérénité et assurance. Car il est constaté que les identités des uns et des autres sont utilisées pour justifier les mauvaises actions pendant les phases de crises (politiques ou économiques). Espérons tout simplement qu’avec la refondation de l’Etat en devenir, les uns et les autres pourront s’inspirer des mécanismes qui ont fondé l’ « unité nationale » avant celle de l’Etat actuel. Le discours du chef de l’Etat devant les deux chambres réunies en congrès le 12 septembre 2012 a interpellé les populations de l’arrière-pays. Ce discours a été écouté au corps de garde sous la lumière tamisée d’un feu de bois. Le « public » était concentré, même si plusieurs termes usités par le chef de l’Etat leur étaient inconnus. Mais l’essentiel était compris. Dans ce village pluriethnique et pluriclanique, les populations ont toujours vécu en bonne intelligence. Elles ont « fabriqué » des mécanismes qui leur permettent au quotidien de surmonter leurs différends et leurs différences à travers notamment les proverbes, les dictons, les correspondances interlignagères, les mariages, etc. Tout est « convoqué » pour cimenter davantage la cohésion « nationale ». En réalité, elles s’interrogent sur les maux qui viennent de la ville et qui leur « pourrissent » la vie, surtout en périodes électorales. Les proverbes et les dictons Dans ce village, la parole « dépensée » au cours de la palabre n’est pas ordinaire; elle est riche et puissante, fondée sur la somme d’expériences vécues et « conceptualisées » par les sages et la société : proverbes, paraboles, contes, généalogies, mythes. D’où se dégagent des leçons, de mise en garde et des recommandations prônant la pondération, le compromis et la concorde. La palabre est une affaire de longue durée et le circuit toujours compliqué des débats invite à la patience. Outre la parole, il y a toute une symbolique de gestes ritualisés, des silences lourds de signification. Tout cela étant l’expression d’une éducation et d’une culture fort élaborées. La palabre n’a pas pour finalité d’établir les torts respectifs des parties en conflit et de prononcer des sentences qui conduisent à l’exclusion et au rejet. La palabre apparaît plutôt comme une logothérapie qui a pour but de briser le cercle infernal de la violence et de la contre-violence afin de rétablir l’harmonie et la paix. Ainsi, chez tous les peuples du Gabon, il est établi que l’intérêt commun exige la paix, et que les nuages porteurs de pluies fuient les lieux où règne le désordre. Aussi, leur sagesse veut qu’en cas de conflit, les deux parties partagent les responsabilités, la considération suprême étant le maintien de la tranquillité interne, au terme d’un pardon mutuel. Ainsi l’unité villageoise est conservée puisqu’ils partagent en commun ces valeurs qui fondent la pondération en toute circonstance. Cette unité construite et héritée de la tradition devrait être le partage de tous les hommes politiques. C’est dire que l’unité véritable passe aussi par des liens tels que les mariages et les correspondances lignagères qui structurent la société traditionnelle, et qui d’une certaine manière devrait fonder le vivre ensemble dans la société gabonaise moderne. Chaque fois qu’un conflit opposant des personnes de « langues » différentes, celles-ci trouvent des ressources dans les codes de règlement de conflits qui permettent d’apaiser les différends. Ce qui a